Mortel, le poisson-pierre ?

Voir un poisson-pierre c'est un peu comme jouer à "Mais où est donc Charlie"?

Voir un poisson-pierre c’est un peu comme jouer à « Mais où est donc Charlie »?

A Rodrigues (Maurice), les poissons-pierres qui s'approchent trop des plages sont tués.

A Rodrigues (Maurice), les poissons-pierres qui s’approchent trop des plages sont tués.

La famille des Scorpénidés comprend, entre autre, les synancés ou poissons-pierres, représentés par les espèces Synanceia verrucosa, S. trachynis, S. nana et S. horrida.

S. nana se trouve de la mer Rouge à Oman.

Le poisson-pierre d’estuaire (S. horrida) (de l’Inde au Pacifique), se distingue du vrai poisson-pierre par une crête osseuse au-dessus et entre les yeux et des verrues proéminentes sur les côtés.

Le vrai poisson-pierre (S. verrucosa) se reconnait des autres par une dépression profonde séparant les yeux. Distribution : de la mer Rouge à Mangareva ; des îles de Ryukyu à la Nouvelle-Calédonie et les Australes.

Les poissons-pierres se rencontrent dans de faibles profondeurs, sur les barrières récifales – depuis les platiers jusqu’à -30m sur les pentes externes – mais également aux abords des plages. Immobiles, ils sont difficiles à discerner de leur support. L’orientation verticale de la bouche permet de distinguer le poisson-pierre de certains scorpènes qui lui ressemblent. L’accident survient le plus souvent lorsque la victime pose le pied ou la main sur l’animal qui redresse alors ses premières épines dorsales. L’appareil venimeux est constitué de 13 épines dorsales, 3 anales et 2 pelviennes – mais seules les premières sont responsables des accidents – les épines ont deux glandes à venin à leur base.

IMG_3998

Le venin (protéique et de composition complexe) est thermolabile, mais inactivé uniquement à une température élevée (50°C), ce qui limite l’intérêt de cette propriété d’un point de vue thérapeutique (pour inactiver un venin thermolabile il n’est pas conseillé, au risque de brûlures, de dépasser une température de 45°C).

On oppose généralement la sévérité des envenimations par poissons-pierres à la relative bénignité des envenimations par pterois (rascasse-poule), celles par scorpènes (rascasses ou poissons-scorpions) étant considérées d’une gravité intermédiaire mais, lorsque survient l’accident, il est rare que la victime soit en mesure d’effectuer une diagnose zoologique. La lésion initiale est une piqûre siégeant à la plante du pied (85% des cas) ou à la main (15%). La létalité des piqûres de poissons-pierres est une donnée classique, issue d’observations peu nombreuses et très anciennes. Les décès étaient le plus souvent imputables à des surinfections (avant la découverte des antibiotiques). Les médecins urgentistes travaillant en Australie, Nouvelle-Calédonie et Polynésie n’ont décrit aucun cas de piqûre mortelle. Les manifestations cliniques générales sont exceptionnelles (angoisse, agitation, sueurs, tachycardie, malaise voir syncope) et peuvent être imputées à la douleur autant qu’au venin. La douleur intense, voir intolérable, est une constante : elle est instantanée, culmine en une ou deux heures et dure, en l’absence de traitement, de quelques heures à quelques jours. Localement, on note une inflammation, un œdème, éventuellement une paralysie, voir une nécrose. En cas de signes généraux la victime doit être conduite vers un service d’urgence. L’anesthésie locorégionale est le plus efficace pour lutter contre la douleur. Le paracétamol n’a guère d’utilité. Il faut éviter de poser un garrot, pratiquer une incision ou aspirer la plaie. La pose de glace ne peut que retarder la dégradation du venin. Un sérum antivenimeux (réservé au milieu hospitalier) est disponible en Australie.

IMG_3997

Chaque plongeur devrait avoir lu l’indispensable : « Guide de la faune marine dangereuse d’Océanie » de Maillaud C. et Lefèvre Y. Ed. Au vent des îles. 2007.

Cet article a été publié dans animaux dangereux, Océan Indien, venin. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire